Si en Europe, la tendance est à la hausse en ce qui concerne le marché des vélos électriques, on peut observer des disparités en fonction des zones géographiques. Chaque pays a sa propre conjoncture et ses propres tendances liées à la mobilité. Le Benelux, composé de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg, est une région où s’observent différents niveaux de maturité en matière de pratique du vélo.
LE MARCHÉ DU VÉLO ÉLECTRIQUE EN BELGIQUE : UN MARCHÉ DYNAMIQUE EN CROISSANCE
Après des performances à deux chiffres en 2022 qui ont marqué un démarrage prometteur, la tendance s’est confirmée en 2023 pour le marché du vélo en Belgique. Ainsi, au cours de cette année, plus de 606 000 vélos ont été vendus. En comparaison avec l’année précédente, cela représente une baisse d’environ 12,15% en volume. Cependant, il convient de replacer les performances record de 2022 dans leur contexte. En effet, dans un environnement caractérisé par une augmentation des stocks et une baisse de la consommation, les magasins de vélos ont été amenés à proposer plusieurs réductions afin de stimuler les ventes. Par conséquent, on peut dire que depuis 2019, 2023 marque la première année « normale » pour l’industrie du vélo en Belgique. En comparaison avec cette période, le marché du vélo belge a tout de même réalisé une croissance de 6%.
Le marché du vélo électrique en Belgique : la montée en puissance de nouveaux segments
Le marché belge des vélos se distingue par l’émergence de nouveaux segments par rapport aux vélos classiques. Si les années précédentes ont déjà mis en lumière la popularité croissante des vélos électriques, cette tendance ne cesse de se confirmer d’année en année. En 2023, les vélos électriques représentaient 51,2% des ventes de vélos, dépassant ainsi pour la première fois les ventes de vélos classiques. Cette croissance fulgurante contraste avec la situation de 2019, où ce même segment ne représentait qu’un tiers du marché total.
Sur le marché belge, le segment des vélos électriques se décline et s’étend sous plusieurs formes. Ainsi, les vélos électriques de sport, les cargos ou encore les speedelecs tirent leur épingle du jeu.
Les vélos de sports électriques : un segment au bilan mitigé
De manière générale, la Belgique est considérée comme un vivier dynamique pour la pratique sportive du vélo. Cependant, après de très belles performances l’année précédente, en 203, les segments sportifs du vélo électrique ont dressé un bilan mitigé.
En 2023, 17 387 eVTT ont été vendus en Belgique, ce qui représente une baisse de 4,29% par rapport à l’année précédente. Des performances qui contrastent avec sa version classique dont les ventes se sont écroulées passant de 88 943 unités vendues à seulement 54 096. En revanche, même si les volumes restent faibles, on peut également noter une montée en puissance du segment des vélos gravel électriques, dont les ventes ont augmenté de 16,74% pour atteindre 1639 unités écoulées.
Les speedelecs réalisent une nouvelle année record
Après une année 2022 exceptionnelle, le segment des Speedelecs ou speedbikes, ces vélos pouvant dépasser les 25 km/h, continue de gagner du terrain. En 2023, pas moins de 15 672 speedelecs ont été vendus en Belgique. Bien que cela représente une baisse de 10% par rapport à l’année précédente, 2023 se classe tout de même comme la seconde meilleure année pour ce segment.
Ces vélos rapides séduisent tant les particuliers que les professionnels. De plus en plus d’entreprises les intègrent à leurs flottes internes en optant pour des solutions de leasing, au détriment des voitures. En effet, pour la première fois en 2023, le nombre d’employés du secteur privé bénéficiant d’une voiture de société en tant qu’avantage salarial a légèrement diminué, passant de 14,8% à 14,6%. Cette baisse modeste marque néanmoins une évolution en cours.
Plébiscitée pour sa rapidité dans les zones urbaines encombrées, cette tendance s’observe principalement dans la région des Flandres et dans les grandes villes de Belgique.
Les cyclistes belges : une demande centrée sur l’accompagnement et le haut de gamme
En Belgique, 15,6% de la population déclarent utiliser un vélo électrique pour se déplacer au moins une fois par an. La conjoncture économique des dernières années a incité de plus en plus de foyers belges à adopter le vélo. Plus économique et en accord avec les préoccupations écologiques contemporaines, le vélo électrique commence à devenir un moyen de déplacement privilégié pour les trajets quotidiens. Face à ce besoin, le comportement d’achat des cyclistes est varié, avec deux tendances principales : l’achat de vélos ou le leasing.
L’achat de vélos électriques : une attente en termes de qualité et d’accompagnement
En Belgique, les cyclistes privilégient les magasins spécialisés pour l’achat de vélos électriques. En effet, ces magasins réalisent 64% des ventes, avec une répartition équitable entre vélos classiques et électriques. Par contre, pour le canal de distribution multicanal (comprenant les magasins spécialisés, les enseignes de bricolage et les ventes en ligne), la répartition est moins équilibrée, avec seulement 4 vélos électriques vendus sur 10. Ces chiffres peuvent être interprétés comme un besoin des cyclistes d’être conseillés et accompagnés dans le choix de leur vélo électrique. Ce besoin de réassurance et de qualité se reflète également dans le prix et la typologie des vélos choisis.
En Belgique, le prix moyen d’un vélo électrique est de 2200 euros, comparé à 1500 euros en France. Selon Traxio, ce prix moyen augmente chaque année, avec une montée en gamme également dans les technologies choisies. C’est pourquoi on observe l’émergence des vélos à moyeu avec vitesse intégrée. Entre 2021 et 2022, le nombre de vélos vendus avec cette technologie a augmenté de 55%. Bien que plus coûteux que les vélos équipés de dérailleurs, ils ont l’avantage d’être plus faciles à entretenir.
Le leasing de vélos : une alternative qui prend de l’ampleur
D’autre part, de plus en plus de Belges optent pour des solutions de leasing de vélos électriques, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises. La facilité du service et l’accompagnement tout au long de l’utilisation (maintenance, réparation, conseils) sont des facteurs qui ont séduit les particuliers. En ce qui concerne les entreprises, les aides et les avantages fiscaux mis en place par le gouvernement ont rendu ce type de solution attractif. En conséquence, de plus en plus d’offres de leasing voient le jour pour proposer des solutions adaptées.
Selon Acerta, une société belge spécialisée en ressources humaines, la proportion de travailleurs utilisant un vélo en leasing dans le cadre de leur travail a atteint un niveau record. Au premier trimestre 2022, sur une base de 260 000 travailleurs, 1,3% avait à leur disposition un vélo en leasing obtenu via leur employeur. Ce chiffre représente une augmentation de 9,1% par rapport à l’année précédente.
Les mesures visant à encourager la pratique du vélo en Belgique
Avec un investissement de 5,2 euros par habitant, la Belgique se classe au 5e rang des pays où le gouvernement investit le plus dans les politiques cyclables. Mis en place en 2021, le plan vélo belge s’étend jusqu’en 2024 et couvre trois axes principaux :
- Faciliter l’accès à la pratique du vélo et aux infrastructures.
- Améliorer la sécurité et le confort des cyclistes (en prenant en compte les vols).
- Démocratiser la pratique du vélo dans toutes les couches de la population.
Ce plan a été adopté par le gouvernement fédéral et doit ensuite être décliné dans chaque région. En complément de ce plan, les régions proposent des aides à l’acquisition de vélos. Par exemple, en Wallonie, des aides pouvant aller jusqu’à 450 euros sont disponibles pour l’achat d’un vélo électrique neuf. À Bruxelles, ces aides peuvent atteindre jusqu’à 900 euros grâce au programme Bruxell’Air.
LE MARCHÉ NÉERLANDAIS DU VÉLO ÉLECTRIQUE : un marché en mutation offrant de belles perspectives
Selon l’organisme de recherche Statista, en 2022, 65% des Néerlandais déclaraient utiliser leur vélo au moins une fois par semaine. Les Pays-Bas sont considérés comme un exemple à suivre en matière de pratique du vélo en Europe. En tant que précurseurs dans l’utilisation du vélo musculaire, le pays est en transition depuis plusieurs années vers les vélos électriques.
Le marché néerlandais du vélo : confronté à des défis d’approvisionnement
2021 a été marquée par une légère baisse des ventes de vélos électriques due à une pénurie de matières premières, ce fut également la première année où les ventes de vélos électriques ont dépassé en volume celles des vélos classiques. En 2022, avec 486 000 unités vendues, les vélos électriques représentaient 57% du volume de vente, soit une augmentation de 5 points. Cependant, ces bonnes performances doivent être nuancées, car le marché a été affecté par les problèmes de stocks au premier semestre 2022, ce qui a entraîné une baisse globale de 7% par rapport à 2021. Sur une période de deux ans, cela représente une perte de volume de 22%, le niveau le plus bas atteint en 10 ans.
Les cyclistes néerlandais : vers un passage massif à l’électrique ?
Habitués aux vélos classiques, de plus en plus de cyclistes néerlandais se tournent vers les vélos électriques, ce qui a entraîné une chute de 17% dans le segment des vélos classiques en 2022. Cette évolution vers l’électrique a contribué à augmenter la valeur globale du marché de 2%, atteignant un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros. Environ 80% de cette valeur peut être attribuée aux vélos électriques, dont le prix moyen a augmenté de 4% en 2022. Désormais, pour acquérir un vélo électrique aux Pays-Bas, il faudra compter en moyenne 2 489 euros. Selon RAI, la principale association des professionnels du cycle, cela s’explique par le manque de disponibilité de certaines pièces.
L’offre nationale, constituée de marques prestigieuses telles que VanMoof et Gazelle, n’arrive pas à absorber toute la demande. L’exportation devient donc une solution privilégiée. Les récents chiffres des douanes taïwanaises mettent en avant une augmentation de 10,1% des exportations de vélos électriques à destination des Pays-Bas. Près de 370 000 unités ont été exportées l’année dernière, ce qui représente une valeur marchande estimée à 482,8 millions d’euros.
Pour un tiers des cyclistes néerlandais, le prix est le principal frein à l’adoption d’un vélo électrique. Face à cette demande et dans le but de contourner les problèmes de livraison, de nouvelles solutions se développent. On observe l‘émergence des tendances du leasing et du marché de l’occasion. En effet, même si actuellement, 96% des vélos électriques aux Pays-Bas sont des propriétés privées, 4% des vélos sont mis en circulation via des solutions de leasing, à destination des particuliers mais également des professionnels. Même si ce pourcentage peut sembler faible, cela représente près de 200 000 vélos. En ce qui concerne le marché de l’occasion, il prend de plus en plus d’ampleur. Aujourd’hui, il représente 20% des vélos achetés, avec un prix moyen de 992 euros.
À l’instar des cyclistes belges, les cyclistes néerlandais privilégient les magasins physiques pour l’achat de vélos. Pendant la pandémie, les ventes en ligne ont connu une augmentation, mais elles n’ont pas réussi à maintenir une part de marché durable. En 2022, les ventes en ligne ont chuté de 20%, avec 136 000 unités vendues.
Face à cette forte demande, certaines prévisions prévoient un TCAC (taux de croissance annuel composé) de 11,95% en termes de revenus entre 2022 et 2028. La maturité du marché néerlandais explique ces projections, moins impressionnantes que sur d’autres marchés.
Le gouvernement néerlandais : un exemple à suivre dans la politique vélo
Avec l’une des parts modales les plus élevées au monde, les Pays-Bas ont été précurseurs en matière de politique vélo. Dès 1990, le gouvernement affichait déjà son intention de démocratiser l’utilisation du vélo. Après la mise en place du premier plan en 1990, le deuxième plan en 2018 a réuni toutes les parties prenantes de la société néerlandaise pour établir un plan en 7 points :
- Maintenir la place du pays en tant que première nation cyclable
- Augmenter les places pour les vélos dans les villes
- Améliorer la qualité des itinéraires cyclables régionaux
- Optimiser la transition et l’intermodalité
- Promouvoir de manière ciblée le vélo
- Réduire le volume d’accidents à vélo
- Améliorer les connaissance sur le vélo
À la suite de ce deuxième plan, un troisième a été mis en place pour la période 2022-2025. Ce dernier considère le vélo comme un objet social et prévoit notamment de rendre obligatoire la question du vélo lors de la création de nouveaux logements, de rendre le vélo accessible aux personnes à faibles revenus et d’augmenter de 20% d’ici 2027 le nombre de kilomètres parcourus à vélo. Dans ce nouveau plan, nous pouvons également trouver des mesures incitatives, telles que l’encouragement des entreprises à accorder une indemnité de 21 centimes par kilomètre parcouru à leurs employés.
L’exemple du gouvernement néerlandais montre que de bonnes performances s’accompagnent de mesures toujours plus poussées pour renforcer la pratique du vélo. Après l’Irlande, les Pays-Bas sont le pays qui investit le plus dans sa politique cyclable, avec 13,6 € par habitant.
LE MARCHÉ LUXEMBOURGEOIS DU VÉLO ÉLECTRIQUE : UN MARCHÉ ENCORE À SES PRÉMICES
Un marché naissant qui suit les tendances européennes
Le Luxembourg ne fait pas exception à la tendance observée entre 2020 et 2021. Après la pandémie, les consommateurs luxembourgeois se sont également tournés vers les vélos à assistance électrique. Malgré cela, le marché du vélo électrique est encore à ses prémices au Luxembourg, mais on lui prédit de belles perspectives d’évolution. En effet, selon l’organisme de recherche Statista, le marché des vélos électriques au Luxembourg devrait connaître une croissance particulièrement forte dans les prochaines années, estimée à 20% entre 2023 et 2029. La conjoncture économique, avec la hausse des prix des carburants, devrait confirmer ces projections.
Un profil de cycliste soucieux de la maintenance
Après la vague d’achats massifs à la sortie de la pandémie, les professionnels de l’industrie constatent un ralentissement des achats de vélos électriques neufs au Luxembourg. L’accent est davantage mis sur la maintenance, avec une augmentation de la fréquentation des magasins pour ce type de prestation. Les cyclistes, principalement âgés entre 35 et 50 ans, expriment le besoin d’être rassurés quant à la durée de vie de leur vélo.
Le Luxembourg : une politique vélo encore à ses débuts
Avec une part modale du vélo de 2% en 2017, le Luxembourg a mis en place un plan vélo ambitieux visant à atteindre 11% d’ici 2035. Lancé en 2022, ce plan fait suite à celui sur la mobilité durable établi entre 2012 et 2018. Il s’agit d’une petite partie d’une politique plus vaste axée sur la mobilité, et il prévoit également de réduire la part modale de la voiture de 46% à 25%. Pour y parvenir, le Luxembourg prévoit de mettre en place les mesures suivantes :
- Adoption d’une réglementation favorable au vélo, telle qu’une loi visant à renforcer la sécurité du réseau cyclable national et à introduire la notion de « piste cyclable express ».
- Modification du code de la route, avec la création de passages piétons traversants, de pistes cyclables non obligatoires, de rues cyclables, et la prescription d’une distance latérale de 1,5 mètre lors des dépassements, entre autres. Cela comprend également des mesures de modération de la circulation dans les quartiers.
- Mise en place d’un réseau cyclable national attrayant et sûr, tant pour les déplacements quotidiens que pour le cyclotourisme, y compris en milieu rural, où les cyclistes ne sont pas contraints de circuler parmi le trafic automobile.
- Intégration du vélo dans toutes les infrastructures et offres de transport.
En complément de ces directives plus générales, le gouvernement luxembourgeois a mis en place des mesures qui ont un impact direct sur le portefeuille des cyclistes. La dernière mesure en date est la réduction de la TVA sur les vélos électriques depuis le 1er janvier. Ainsi, pour un vélo de 5000 euros, cela représente une baisse de 400 euros. Bien que cette mesure ne soit pas encore connue de tous, elle devrait stimuler la demande.
Le Benelux, une zone de contraste avec différents niveaux de maturité
En conclusion, la zone Benelux présente des marchés à différents stades de maturité dans le domaine des vélos électriques. Le marché luxembourgeois est encore en phase de développement, mais il suit les tendances européennes en matière de mobilité durable. Les consommateurs luxembourgeois ont manifesté un intérêt croissant pour les vélos à assistance électrique, créant ainsi un marché naissant avec un potentiel de croissance prometteur. Une caractéristique notable de ce marché émergent est la demande accrue de services de maintenance pour prolonger la durée de vie des vélos existants. Il est donc crucial de fournir des services de qualité et de répondre aux attentes des cyclistes.
En Belgique, le marché du vélo électrique connaît une croissance rapide et présente des perspectives prometteuses. Les nouveaux segments de marché, l’importance accordée à la qualité et à l’accompagnement, ainsi que les mesures gouvernementales favorables soutiennent cette évolution positive.
En revanche, aux Pays-Bas, le marché des vélos électriques est mature et confronté à des défis en termes de conversion à l’électrique et d’évolution de la demande. Les cyclistes néerlandais, déjà habitués aux vélos classiques, sont en train de passer massivement aux vélos électriques, ce qui entraîne une baisse de croissance pour ce segment. Cependant, le marché néerlandais est confronté à des problèmes d’approvisionnement et à une demande croissante qui nécessitent une adaptation de l’offre.
En résumé, la zone Benelux offre un panorama diversifié en ce qui concerne les marchés des vélos électriques, allant d’un marché naissant au Luxembourg, à un marché en plein essor en Belgique, et à un marché mature mais en évolution aux Pays-Bas. Chaque marché présente des opportunités uniques et des défis spécifiques, nécessitant une approche adaptée pour répondre aux besoins des consommateurs et saisir les opportunités de croissance.