Après une année record en sortie de COVID, le marché du cycle continue à afficher des indicateurs de forte croissance avec 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Cette dynamique est notamment portée par la hausse de 28 % du segment VAE (vélo à assistance électrique). Rapide, peu coûteux et pratique, le vélo électrique devient un mode de déplacement privilégié. Pour illustration, d’après l’Union Sport & Cycles, 2,79 millions de vélos ont été achetés en 2021, contre 1,63 million de voitures.
Cependant, la crise des composants électroniques et du transport renforce la difficulté pour l’industrie du cycle à faire face à cette demande, avec des délais de livraison longs et des coûts en hausse.
La crise des composants : problème industriel mondial
Existant depuis le début de l’année 2020 et liée à la crise sanitaire mondiale, cette crise touche plus de 165 industries à travers le monde. Avec une demande supérieure à l’offre actuelle, les composants se raréfient et leur prix grimpe. L’approvisionnement devient ainsi difficile. À cette période, l’industrie du vélo enregistrait une hausse des prix de 30 % en moyenne pour les pièces détachées classiques et plus pour les techniques. La situation difficile du commerce maritime mondial n’a fait que renforcer les difficultés rencontrées en rallongeant les délais d’approvisionnement des produits. En 2021, à l’échelle du consommateur, la situation était telle qu’un délai de 6 à 15 mois était nécessaire pour recevoir son vélo.
2 ans après le début de la crise, quel est l’état du marché actuel et quelles perspectives pouvons-nous envisager pour l’industrie du cycle ?
La crise mondiale des composants et du transport en 2022 : une crise qui perdure pour l’industrie
En 2022, la crise des composants et du transport perdure. L’approvisionnement en composants électroniques et techniques reste difficile. Même s’ils sont assemblés en Europe, la majorité des pièces de vélos proviennent d’Asie, créant une forte dépendance à cette zone géographique. Les usines y tournant à plein régime peinent encore à absorber l’ensemble de la demande mondiale. Par conséquent, sans pièces clé telles que les dérailleurs ou les freins, le montage d’un vélo ne peut être finalisé et celui-ci ne peut être commercialisé. Ce problème de logistique se multiplie par le nombre de pièces indispensables au montage.
Au problème d’approvisionnement en pièces détachées, s’ajoute une problématique persistante liée aux transports. En cause, la forte demande liée à la reprise économique et aux jeux de coudes entre les différentes industries. Une fois les composants trouvés, tous souhaitent être livrés au plus vite. C’est un jeu d’enchères qui s’institue entre les différents acteurs. La place étant donnée au plus offrant. De plus, la politique sanitaire « zéro covid » instituée par la Chine renforce cette difficulté. En effet suite à celle–ci, plusieurs usines et ports ont dû fermer dans le pays ; ralentissant par conséquent l’activité globale.
La guerre en Ukraine donne un nouveau tournant à la crise tant pour les composants que pour le transport. En effet, l’Ukraine produit 90 % du néon, un gaz indispensable dans la production des semi-conducteurs. De plus, l’augmentation du prix du carburant et l’inflation découlant de cette situation mettent également à mal les industries rendant le fret maritime ou aérien encore plus cher.
Une industrie du cycle pas trop touchée
Malgré ces difficultés qui perdurent, les voyants restent au vert pour l’industrie du cycle. La dynamique se maintient avec une augmentation des volumes de ventes de 4 % et de 15 % en valeur. Les vélos électriques drainent le marché et favorisent sa bonne santé.
Ces chiffres s’expliquent par une industrie qui se réinvente et trouve des solutions face aux défis. Afin de pallier la dépendance aux productions asiatiques, on peut constater un phénomène de relocalisation avec une forte croissance du made in Europe et du made in France. 800 000 vélos produits en France en 2021 contre 660 000 en 2020. Selon les prévisions, la production française pourrait atteindre 976 000 vélos en 2022. Parmi eux, 50 % seront électriques.
De plus, les différents acteurs de l’industrie ont dû revoir leur mode d’approvisionnement avec plus de flexibilité et de planification. Désormais, pour éviter les pénuries, les commandes sont passées en avance et des stocks sont réalisés pour pouvoir tenir des délais. Un meilleur dialogue entre prestataire et client s’est également installé. La crise oblige les différents acteurs de l’industrie du cycle à renforcer leur coopération. En mettant en œuvre un mode de fonctionnement différent afin de travailler entre partenaire et acteur de la filière sur le long-terme, l’industrie assure sa pérennité.
Outre-le made in France, la filière s’organise également autour du recyclage pour répondre à la crise des composants. Au travers de ce processus, il est possible de récupérer du nickel, de l’acier ou encore du manganèse. Métaux qui pourront être revalorisés dans de nouvelles batteries. Il est également possible de créer des cadres en métal avec les batteries. À la fin du processus, c’est environ 65 % d’une batterie de vélo qui peut être recyclée.
L’année 2023 s’annonce encore incertaine en ce terme d’approvisionnement et de transport des marchandises. Les experts tablent pour un retour à la normale d’ici un an au moins. Entre-temps, l’industrie devra poursuivre ses efforts pour tenir la cadence.