Législation et vitesse des vélos électriques en ville : quelles évolutions ?

Face à l’urgence écologique, la mobilité doit trouver le parfait cocktail pour remplacer les modes de transports polluants. Les vélos, trottinettes et scooters électriques s’imposent aujourd’hui comme une partie de la réponse, mais comment augmenter leur potentiel de conquête ? Le débat est ouvert sur les réglementations et notamment la vitesse autorisée sur les pistes cyclables, dont les évolutions pourraient booster l’utilisation des véhicules électriques légers par le plus grand nombre.

Différentes perceptions de la législation autour des vélos électriques

Les acteurs clés et historiques du cycle se montrent prudents quant à une modification du statut légal du cycle, là où les acteurs de l’automobile y voient une grande opportunité de se réinventer, la place de la voiture étant forcément réduite dans les projets des villes de demain.

Pour les acteurs du cycle, perdre le statut légal lié au vélo alourdirait la règlementation et serait un frein à la croissance du secteur. Lever les barrières liées à la vitesse et plus largement à la règlementation des cycles serait prendre le risque que les grands noms de l’automobile s’emparent du marché et standardisent à l’extrême des cycles uniformes, sans les nuances de conception des différents fabricants qui enrichissent aujourd’hui le marché.

Il est impossible de nier les innovations fortes qui arrivent sur le marché de la mobilité électrique. Avec l’Adaptative Mobility et le concept « i Vision AMBY », BMW propose un nouveau genre avec 3 vitesses sur un même véhicule, 25, 45 et 60 km/h. Une innovation qui enfonce les portes pour de nouvelles catégories de véhicules. On pense aussi à Canyon avec la vélomobile, précédemment le Podbike d’Eldepal en Norvège, ou tout simplement au segment des speedbikes et autres dérivés. La mobilité se réinvente, la législation doit suivre les innovations, et non l’inverse.

Le marché du vélo électrique arrivant à maturité, il convient de lui donner des perspectives à son échelle. Les acteurs de l’automobile auront forcément une place à jouer et la collaboration entre les deux secteurs ne fait que se confirmer, ce qui implique des évolutions certaines. Une fois la nature des acteurs prise en compte, il reste un facteur de territoire très important qui marque là encore un réel clivage, les politiques locales et nationales étant plus ou moins favorables à une redistribution des rôles et des catégories de véhicules.

Quelle vitesse pour les vélos électriques ?

Au coeur du débat autour de la vitesse des VAE en ville, deux écoles s’opposent. Certains sont favorables au passage d’une norme de 25km/h (15,5 mph) à 30 ou 32km/h (20 mph) voire plus rapide encore, alors que d’autres y voient une forte menace pour l’industrie du cycle.

Les vélos électriques à la même vitesse que les autres usagers de la route ?

L’argument phare en faveur de ce changement serait de convaincre davantage d’usagers de se déplacer en vélo électrique, plus rapide et donc plus adapté à leurs attentes et usages.

Concernant l’augmentation de la vitesse, certains pensent que c’est une simple étape car la demande sera ensuite de s’aligner sur la vitesse des voitures en centres villes. Des études ont montré qu’il est plus dangereux de rouler à 32km/h sur la partie droite de la route réservée aux automobiles que de rouler à la même vitesse que celles-ci.

Markus Riese (Riese & Müller) estime que les limites en vigueur doivent refléter l’infrastructure disponible. « 30km/h, c’est bien sur un réseau cyclable avec des pistes larges, mais ce n’est pas préférable dans les conditions européennes. C’est trop rapide sur les pistes cyclables étroites et encombrées, et trop lent pour s’intégrer pleinement dans le trafic automobile. Il est préférable de rouler à la même vitesse que les voitures au milieu de la route. Les voitures sont autorisées à rouler vite sur les autoroutes et lentement dans les villes ; il devrait en être de même pour les vélos.« 

Un constat a également été fait concernant des dérives sur les moteurs des vélos pour les « débrider » avec des dispositifs qui sont nuisibles pour la sécurité et la réputation des VAE. Une augmentation de la vitesse réduirait sensiblement les tentations de ce côté-là, de nombreux acteurs préfèreraient donc prendre les devants sur cette question.

Une augmentation de la vitesse dangereuse pour les vélos électriques

En faveur du maintien de la vitesse à 25km/h, la configuration et l’état des pistes cyclables et des routes en zones urbaines (notamment en Europe) qui ne permettraient pas de rouler en sécurité à une vitesse plus élevée. De plus, l’augmentation de la vitesse serait un réel danger pour les cyclistes moyens, ne possédant pas les capacités et les temps de réaction suffisants pour assurer leur sécurité. Tous les acteurs sont également d’accord pour dire qu’il faut garder une législation légère et ne pas complexifier l’utilisation des VAE avec des règles trop importantes qui deviendraient alors des freins à l’usage et à l’achat (permis, assurances, matériel de sécurité…)

Mobilité électrique : et si la vitesse des VAE n’était pas la question à se poser ?

On peut se demander si le débat ne devrait pas plutôt se porter sur l’intégration des vélos électriques dans la mobilité urbaine. A savoir que, si des différences de vitesse perdurent entre vélos et voitures, il faut que les voies soient bien séparées. Sur des espaces communs, les vélos devraient pouvoir s’adapter à une vitesse supérieure pour fluidifier le trafic et sécuriser les usagers. Et si on pensait à l’inverse ? A l’instar de la ville de Paris où la grande majorité des rues sont aujourd’hui limitées à 30km/h pour les automobilistes. Plus de sécurité, moins de pollution sonore et un meilleur équilibre pour les mobilités douces avec des aménagements de voies cyclables. A 30km/h pour les voitures, l’écart se réduit sensiblement pour favoriser les véhicules électriques légers.

Si on prend de la hauteur, l’enjeu est une mobilité décarbonée grâce à l’abandon des véhicules polluants au profit de transports durables sur les trajets quotidiens. Au-delà des aspects environnementaux, les arguments qui font mouche pour transformer la mobilité restent le coût, la sécurité et le temps de trajet. Des évolutions en matière de règlementations seront donc probablement inévitables. Affaire à suivre !