Sécurité à vélo : le port du casque dans les pays européens

Le sujet du port du casque à vélo dans les pays Européens est souvent très épineux. Obligatoire ? Recommandé ? Souvent source de tensions et de débats parfois houleux, le sujet divise.

En Europe, chaque pays possède sa propre législation. Mais pour le moment, seule la Finlande a rendu le port du casque obligatoire pour les cyclistes adultes sur l’ensemble de son territoire. 13 pays ont rendu obligatoire le port du casque pour les enfants : Malte jusqu’à 10 ans, la France, la Lettonie et l’Autriche jusqu’à 12 ans, La Slovénie, la Slovaquie et la Suède jusqu’à 15 ans, L’Espagne, la Croatie et l’Estonie jusqu’à 16 ans et jusqu’à 18 ans en République Chèque et en Lituanie.

À l’heure où l’Union Européenne entreprend « Le Pacte Vert pour L’Europe » (prévoyant une réduction de 90% des émissions liées au transport avec pour objectif de devenir le premier continent neutre en carbone à l’horizon 2050), et voit le vélo comme une grande partie de la solution, la sécurité des cyclistes est devenue un enjeu majeur pour favoriser son développement.

Environ 1 cycliste sur 5 porte le casque en Europe (étude DEKRA), avec des résultats très hétérogènes puisqu’on a observé 60,9% des cyclistes portant un casque à Londres contre seulement 24,3% en Allemagne et 5,9% à Zagreb.

En France, la question de rendre obligatoire ou non le port du casque à vélo revient de façon récurrente. Le 8 Juillet 2021, en proposant un projet de loi visant à rendre le casque obligatoire pour « tout conducteur de cycle« , le sénateur François Bonneau a agité la twittosphère et fait couler beaucoup d’encre. Personnalités politiques, associations et cyclistes se sont alors vu dans l’obligation de réagir. Sujet sensible en France, l’absence de législation autour du port du casque pour les cyclistes divise et suscite toujours autant de réactions.

Le casque obligatoire, un frein pour la pratique du vélo ?

Vivement recommandé dans la majorité des pays de l’UE, l’obligation du port du casque pour tous les cyclistes reste un sujet clivant. Des études scientifiques ont prouvé que porter un casque à vélo réduit les risques de traumatismes crâniens d’environ 60% en cas de chute. Bien que médecins, associations, politiques et cyclistes s’accordent à louer l’utilité d’un casque à vélo pour protéger contre des blessures graves ou mortelles, tous ne s’entendent pas sur le caractère obligatoire d’une telle mesure.

Pour certains, rendre le port du casque obligatoire reviendrait à associer vélo et danger. Ce qui, à l’heure où des politiques publiques sont menées dans le but d’augmenter la part modale du vélo dans les villes et que de nombreux acteurs de l’industrie du cycle cherchent à lever les freins à l’achat ou à la location de vélos, constituerait un frein supplémentaire au développement de la pratique. Avec l’obligation du port du casque, ce sont certains modèles qui s’effondreraient tels que les vélos en libre-service, qui dissuaderaient tous les usages ponctuels de ces vélos. En Australie comme au Canada, l’obligation du port du casque à vélo à réduit considérablement le nombre de cyclistes. En Australie, l’obligation du port du casque à vélo a d’ailleurs été considéré comme « un échec retentissant » avec une chute de l’usage du vélo de 90% chez les étudiants. Presque 60% des Néerlandais déclarent penser à arrêter le vélo si le casque devenait obligatoire (selon l’Association des Cyclistes Néerlandais).

Le caractère obligatoire serait contre-productif sur le développement des déplacements à vélo. Des campagnes de sensibilisation, de distribution, de subvention ou autres initiatives ont démontré une meilleure efficacité pour accroitre la sécurité des cyclistes. C’est lors d’intervention auprès de jeunes publics sur les bienfaits du port du casque que les résultats étaient les plus significatifs.

La sécurité à vélo dépasse largement de débat autour du port du casque

Imposer le port du casque à tous les cyclistes reviendrait à éluder un problème plus profond. Car si la sécurité du cycliste peut en partie être assurée par son équipement, il est également nécessaire de développer des infrastructures. Aux Pays-Bas, le nombre de cycliste a dépassé celui des automobilistes grâce aux infrastructures mises en place depuis les années 1970 et le pays ne compte que très peu de cyclistes casqués (seulement 1,1%). Proportionnellement au nombre de trajets effectués, les accidents mortels sont moins nombreux que dans d’autres pays d’Europe et cela s’explique par la règle du nombre : plus il y a de cyclistes sur les routes, plus les cyclistes sont en sécurité. Pour exemple, sur l’année 2020 la France a enregistré 184 décès de cyclistes contre à peine 20 de plus aux Pays-Bas (200). Pourtant, la part modale du vélo en France n’est que de 3% là ou celle des Pays-Bas atteint les 29%.

Ainsi, pour une sécurité accrue des cyclistes, le développement d’infrastructures spécifiques à la pratique du vélo est la priorité dans de nombreux pays d’Europe. Depuis la crise sanitaire et la démocratisation du VAE, la pratique du vélo est en plein boom sur le continent Européen et nous ne pouvons que saluer les initiatives prises par de nombreuses villes, collectivités, ou pays de mettre en place des politiques publiques visant à encourager l’usage du vélo grâce à la mise en place d’infrastructures.

Le casque n’a pas dit son dernier mot

Même s’il n’est pas obligatoire, porter un casque à vélo permet de réduire efficacement le risque de blessures graves. Afin que celui-ci ne soit plus un frein à la pratique, il convient également de repenser le casque en lui-même. La technologie et la connectivité ont un rôle à jouer pour rendre le casque plus attractif et lui ôter son étiquette de contrainte. Les solutions IoT permettent aujourd’hui de repenser le casque comme un accessoire supplémentaire qui vient accompagner le cycliste dans son expérience à vélo. Clignotants, connexions bluetooth, assistant vocal, détection de chutes… Les casques connectés prolongent l’expérience du vélo connecté et ont de quoi séduire les adeptes du guidon en proposant des services innovants en plus de la protection physique.


Et vous le vélo, avec ou sans casque ?